Premier article d’une mini série que je vais développer sur la fabrication d’un cadre acier. Les sujets évoqués seront, le matériel nécessaire, quel type de soudure, la géométrie et choix de tubes… C’est ma vision du sujet aujourd’hui, il a évolué depuis que je fabrique et évoluera certainement encore.
Il faut déjà bien distinguer la fabrication d’un ou quelques cadres pour soi et ses potes dans son garage et la fabrication dans un cadre professionnel pour en tirer un revenu et « essayer » d’en vivre.
Fabriquer pour soi
Donc pour se fabriquer un cadre dans son garage ou grenier il faut une lime, une scie à métaux, un chalumeau oxygène/acétylène avec du décapant et du métal d’apport, des tubes et puis c’est tout !! Une imprimante pour faire des patrons en papiers aide bien pour les grugeages mais n’est pas indispensable. Un pc pour utiliser les sites en ligne de géométrie ou patron de grugeage, mais là aussi on peut tout faire sur du papier en manuel. Il faut également un support relativement droit comme un sol en ciment, une planche.. qui servira pour le gabarit de fabrication de cadre, avec des cales en bois ou autre cela permettra d’assembler les tubes et de pouvoir les pointer.
Le résultat peut être tout à fait correct, il sera de toute façon fonctionnel et permettra de rouler sur un vélo que l’on a fabriqué !! Cela demande juste plus de temps, voire pas mal de temps si on veut fignoler les ajustements.
Mais c’est possible !
Yann ( Salamandre ) avait créé un stage d’une semaine pour fabriquer 2 cadres et une fourche sans utiliser de gabarit, juste en posant et en calant. Bon en regardant les photos ils avaient tout de même utilisé le tig et le gabarit comme support plan mais sur une semaine c’est difficile de tout faire sans matériel, mais l’idée était là, fabriquer avec un minimum de matériel adapté à la conception vélo.
Lors des stages de fabrication ou soudure que j’anime à l’atelier des Clipains Salamandre c’est un sujet récurrent, et j’insiste bien sur la faisabilité d’un cadre sans matériel ni connaissances particulières pour y arriver. Juste une histoire de temps et de motivation. Autre chose récurrente c’est la vision des personnes avant et après la fabrication de leur cadre, au début cela leurs semblent inaccessible et au final ils y arrivent et c’est pas si compliqué que ça !
La peinture est également un sujet intéressant car indispensable pour l’acier qui va rapidement s’oxyder sans. Personnellement je privilégie la peinture en bombe qui est pratique et permet de gérer les coûts et les délais. J’utilise des bombes 2K, c’est-à dire avec 2 composants ( peinture et durcisseur par exemple ) que l’on mélange via un percuteur sur la bombe, l’inconvénient étant que la bombe reste seulement utilisable une journée donc il faut bien anticiper pour éviter de gâcher. Yann faisait peindre chez un peintre industriel avec du thermolaqué, c’est une peinture très résistante, surtout en utilisation vtt mais les délais et coûts ne sont pas les mêmes.
Fabrication professionnel
Dans cette optique, cela change beaucoup de chose et surtout la rentabilité !
Pour « essayer » d’en vivre il faut passer le moins de temps possible à la fabrication, il faut que ce soit facilement reproductible et que la fiabilité soit au rendez vous ( par exemple un semi rigide classique c’est une journée de fabrication )
C’est pourquoi il faut investir dans du matériel comme des gabarits, poste à souder tig et/ou chalumeau, abonnement de bouteilles de grandes quantités, un atelier suffisamment vaste pour accueillir tout le matériel (établis, étaux, disqueuse, perceuse à colonne, tour à métaux, fraiseuse….) Avoir du stock de tubes, de métal d’apport dont les prix flambent régulièrement. La plupart des cadreurs se fabriquent eux mêmes leur outillage, c’est plus long car il faut les mettre au point et il peut y avoir des loupés mais cela permet de maitriser les coûts et surtout d’avoir du matériel parfaitement adapté à son utilisation et pas l’inverse !
Donc pour résumer, en partant de zéro si on investit 15 à 20 000 euros pour s’équiper, qu’on a un loyer, des charges, il va falloir vendre pas mal de cadres pour arriver à équilibrer tout ça. Et ensuite il faut en tirer un salaire.
Mais pour vendre il faut avoir des clients, et pour avoir des clients il faut être connu et reconnu. Aujourd’hui il y a régulièrement de nouvelles marques de vélo qui se créent, c’est une très bonne chose, mais combien en vivent, vraiment ? Beaucoup sont en reconvention professionnel et disposent de 2 années de chômage, d’autres ont un autre travail à côté ou d’autres revenus. Je me trompe peut être mais pour avoir échanger avec quelques uns et surtout avoir bien connu Yann et Salamandre, je ne dois pas être trop loin de la vérité.
Mais cela reste bien sûr possible !
Aujourd’hui avec internet et tous les supports média que l’on a à notre disposition il est possible de vendre aux 4 coins de la France assez facilement. Le plus dur étant de se faire connaître et reconnaître. Pour moi il faut une marque et des vélos à son image, c’est à dire faire des vélos qui nous ressemblent, que l’on utilise au quotidien, avoir une identité propre. Une adn facilement reconnaissable parmi les autres. L’image d’un cadreur, crée un affect que les clients aiment ou pas, ils peuvent ainsi s’identifier dans ce que les vélos représentent. Perso mon premier vtt artisanal à été un fat Salamandre car j’ai passé 48h à rouler aux coté de Yann sur les cailloux Ardéchois et même sans avoir ne serai ce que poser mes fesses sur la selle d’un fat il était évident que les vélos Salamandre étaient fait pour moi. Vous connaissez la suite !
Pour être rentable, il faut être efficace et donc passer le moins de temps possible à la fabrication mais également lors des échanges par mail ou téléphone, lors des commandes de stock, création des géométries, création d’outillage parce qu’un nouveau standard vient d’être créé. Et là pour être vraiment efficace il faut dépendre au minimum des autres, par exemple vous avez un outil à faire ou réparer, si à chaque fois vous passez par un usineur, les coûts et les délais ne seront pas rentable. Il faut être le plus autonome possible.
La gestion du sav est également importante, assumer ses erreurs, être réactif et proposer une solution au problème du client. Et là encore si vous êtes autonome sur une majorité des tâches vous pouvez rapidement et surtout à moindre coût satisfaire le client. Qu’il y ait un souci sur un cadre cela peut arriver, c’est même presque normal, on est pas des machines. Mais ne pas être réceptif et réactif pour solutionner le problème du client est clairement une erreur.
Le prochain article sera sur le procédé de soudure Tig ou soudo brasure, avantages et inconvénients de chacun.
Bon ride et bonne soudure à toutes et à tous.